Devoir de Lakevio du Goût n° 196

La première chose qui m’est revenue quand j’ai vu cette image, c’est la voix de Tino Rossi.
« Le plus beau de tous les tango du moooonde… C’est celui que j’ai dansé dans vos braaaas »
Mais pas seeulement.
Mais vous ?
Que vous inspire cette toile de Mark Keller ? Un souvenir ? Un spectacle ? Un morceau de vie ?
Nous verrons bien lundi qui ce tango aura inspiré…
Espérant toutefois que le sujet ne fera pas peine à Alainx qui n’a pas pu danser le tango mais semble néanmoins très bien passé de la danse pour fasciner quelqu’un pour le suivre pour la vie.
À lundi donc…





C’est sur un marché de Provence que je suis tombé nez à nez sur toi vingt ans après. Vingt ans ! Ce n’est pas rien. Ça laisse des traces sur un visage. Tu avais quelques petites rides au coin des yeux, celles du rire.

Abasourdi, j’ai balbutié : C’est toi ?

Bien sur que c’était toi. Tu étais aussi surprise que moi mais tu as pris un air convenu pour répondre : et oui, c’est moi, qui d’autre ? 

J’ai reconnu là ton humour et aussi cette voix que j’avais oubliée. Une voix un peu rauque tellement sensuelle. 

J’ai dit : tu as le temps de boire un café ? 

Oui, tu avais le temps, on s’est installé à une terrasse.

J’étais ému. Notre histoire avait duré si peu de temps. Elle n’avait même pas commencé. Juste le temps d’une danse. Mais quelle danse ! Une danse qu’on avait inventée. C’était toi qui menais. Tu improvisais, des pas de dingue et, moi qui ne savais pas mettre un pas devant l’autre, je te suivais, tu m’inspirais. J’ai gardé ce moment de folie tout le temps en moi. Je ne l’oublierai jamais. 

J’avais cru ce soir-là qu’une histoire commençait. Une histoire pas comme les autres car tu n’étais pas comme les autres. Tu avais ce brin de folie que j’aimais et je m’imaginais une vie pas triste avec toi. J’y ai cru, vraiment, toute la soirée. Ça ne pouvait pas être autrement. Je commençais déjà à t’aimer. Tu étais belle et si joyeuse. 

Quand la nuit s’est fini, tu m’as dit : accompagne-moi à la gare, j’ai mon train. 

Je te revois derrière la vitre me faire un petit signe de la main. 

J’ai dit : tu vas revenir ?

Tu as souri mais n’a pas répondu.

Je ne t’ai plus jamais revue. J’en ai bavé tu sais. Je pensais tout le temps à toi. Et toi? M’as-tu un peu aimé aussi, le temps d’une chanson ?



Je n'ai pas pensé au tango mais à la javanaise.




Commentaires

  1. Pas mel non plus la javanaise ! ton texte est émouvant et nostalgique, 20 ans aprés, que reste t-il d'amours aussi éphémères ? Ou bien par quelle magie, sont elles restées intactes ? Il faudrait bien plus que le temps d'un tango pour le savoir, mais n'est il pas mieux parfois l'ignorer et garder ses illusions ? Bonne journée.

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    1. Je me demande si les histoires qui n'ont pas abouti ne laissent pas plus de traces. Elles laissent un goût de mystère qui les sublime.

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  2. Ah ! Ces instants qui marquent des épisodes éphémères de nos vies. Mais la trace demeure à jamais. Le pouvoir évocateur d'une musique, d'une danse.
    J'aime beaucoup tout ce qu'évoque cette phrase « je commençais déjà à t'aimer »…
    Et puis une belle évocation de Gainsbourg…

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    1. Ces instants éphémères qui laissent un sentiment d'inachevé et des questions sur ce que ça aurait pu être. Et oui le pouvoir évocateur d'une musique qui donne l'impression qu'elle n'existe que pour ce moment précis. Et tout celà c'est nous qui le créons .

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