Devoir de Lakevio n° 199
Je connais depuis longtemps cette toile d’Andrew Wyeth.
Chaque fois me vient une série de questions.
Souvent les mêmes questions…
Cette jeune femme couchée dans l’’herbe, qu’y fait-elle ?
Tente-t-elle de fuir ?
Est-elle surveillée par une marâtre ?
Veut-elle atteindre ou fuir la maison qu’on aperçoit au loin ?
Et si oui, pourquoi ?
Et si non, pourquoi ?
Faites part de vos conjectures et je vous ferai part des miennes.
À lundi…
La maison là-haut
Hélèna me dit n’y va pas, tu vas être toute mouillée.
Mais c’est trop tard, j’ai déjà les mains enfoncées dans la prairie. J’avance difficilement, une paume après l’autre, traînant mon corps inerte telle une limace. L’herbe est trempée de la rosée fraîche du matin. Ma robe légère se colle à ma peau. Maman ne va pas être contente. Elle va encore dire que je ne prends pas soin de mes affaires. Une robe en voile de coton rose, comme je lui avais demandée et qu’elle a cousue point par point sur sa machine à pédale. Je ne sais pas comment je m’arrange mais, même les choses que j’aime, je finis par les abimer. C’est plus fort que moi.
Je progresse lentement car il y a une légère pente pour atteindre la maison de Louis. A ce rythme là, je n’y serai pas avant un grand moment. Je le sais car ce n’est pas la première fois que j’essaye.
J’entends la voix d’Hélèna qui chuchote je vais encore devoir te ramener mais tu es une vraie tête de mule.
Je ne l’écoute pas. D’ailleurs, je ne l’entends plus. J’avance progressivement. Je me hisse en essayant de m’aider de mes genoux qui ne répondent pas toujours. Seuls mes bras font ce que je leur demande.
Mon visage est tout près de la pointe des herbes. J’y vois de minuscules insectes que j’essaye de ne pas écraser.
J’ai dû avancer de cinq mètres. La paume de mes mains me brûle. Je pose alors mes avant-bras et essaye les gestes vigoureux des soldats de la guerre lorsqu’ils rampaient dans la boue. Ils étaient plus robustes que moi et tortillaient tout leur corps comme je ne peux le faire. Je n’ai avancé que d’un mètre ou deux et ça m’a épuisée.
Je plonge alors mon visage dans l’herbe et ne bouge plus.
Comme d’habitude, Hélèna, en silence, viendra me prendre dans ses bras, me soulèvera du sol puis dira tu es légère comme une plume. J’enfouirai ma tête dans son cou en sanglotant et elle me ramènera chez nous ruisselante de rosée et de larmes.
La vie des handicapés est faite d'essais ratés, parfois d'essais réussis et trop souvent de larmes.
RépondreSupprimerhélas le tableau n'est pas joyeux et nos textes par conséquent ne respirent pas l'allégresse :-)
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RépondreSupprimerPas facile le tableau proposé.
Ton texte parle de la solitude, pour ne pas dire de l'isolement, que vivent certaines personnes handicapées (… ou non…). Un isolement parfois entretenu par les proches pour soi-disant « protéger ». J'ai connu ça dans mon entourage chez les Zhandis. En revanche, j'en fus plutôt préservé. Il y avait autour de moi une forme de volonté désirante que je reprenne ma place « chez les valides ». S'il y a bien un merci collectif que j'ai à donner, ce serait sans doute celui-là.
Elle a envie de démontrer à Héléna, qu'elle est capable, en rampant, d'aller jusqu'à la maison. Puis elle réalise, au bout de quelques mètres, et malgré ses efforts, qu'elle ne pourra pas y arriver. Un récit douloureux, émouvant, sur le handicap, et l'on mesure la peine, la détresse, de cette jeune fille, qui n'a pas réussi à aller jusqu'au bout du défi qu'elle s'était elle-même lancée.
RépondreSupprimerAn interesting wrote story, made with inspiration with this image. But really only the painter knows what he wants to say with his painting. Nice story. Nice painting. Greetings from Mallorca.
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