Un chien dans une bibliothèque
Tinie, notre petite chienne, nous a accompagnés pendant dix ans partout où nous allions. C’est bien simple, là où elle n’avait pas le droit d’aller, nous n’y allions pas.
Elle avait même sa sacoche spéciale pour faire de la moto, c’est dire ! Alors aller à la bibliothèque ! Elle en était même devenue la mascotte ! Lorsque nous arrivions, nos copines les bibliothécaires venaient la caresser et lui apportaient une écuelle d’eau.
Parfois, il y avait Mireille, la conteuse. J’aimais bien cette femme éthérée, toujours en équilibre précaire entre le réel et l’imaginaire, un peu perchée, il faut le dire. Elle avait une voix aiguë et, ce jour-là, voyant Tinie déambuler dans les rayons, elle s’écria de sa voix de soprano : Un chien dans une bibliothèque !… sur un ton mi-figue, mi-raisin, entre la surprise et le reproche et, lorsqu’elle s’aperçut que la chienne était la nôtre, elle ajouta avec une voix de Castafiore : J’adooooore !!!
Mais un triste individu décréta qu’un chien n’avait rien à faire dans une bibliothèque et, navrées, nos copines durent se plier à la demande de ce fâcheux. J’aurais pu lui rétorquer que Tinie savait lire et que c’était pour elle que nous venions emprunter des livres, mais le monsieur n’avait pas une tête à plaisanter et, désormais, Tinie resta à la porte de la bibliothèque.
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