Lorsque je bois une gorgée de thé matcha, je ferme les yeux et passe le portique vermillon, le torii, frontière entre le profane et le sacré. C’est le goût du Japon. C’est le mont Fuji enneigé. C’est la cinquième saveur, le goût Umami… Végétal. Equilibré. Savoureux. Il m’entraîne, tente de m’apprivoiser. Il m'emmène ailleurs. Je pense à la toile sombre tendue au-dessus des feuilles, quatre semaines avant la cueillette au printemps pour qu’elles gardent cette jolie couleur vert émeraude. Je pense aux meules de pierres qui les réduisent en poudre. A la poussière de thé, minuscule fumée, qui s’échappe de la boîte quand je l’ouvre . A l’artisan qui a taillé le chashaku en bambou et en a chauffé l’extrémité pour la recourber afin de prendre la dose de poudre de jade que je dépose dans mon chawan en céramique bleu nuit. J’entends le bruit de l’eau chauffée à 70°, pas plus, que je verse dessus. Le mouvement de mon bras remue vigoureusement le mélange avec le ...