Une sale histoire

Sur la plage du Capitello où je me promenais avec mon chien Vernon, j’ai vu, à la crête de la haute dune, passer un homme tenant en laisse un lévrier immense et si mince que sa silhouette semblait irréelle. 






Un peu plus loin, nous avons retrouvé l’homme assis sur un tronc d’arbre  au bord du Prunelli, là où le fleuve rejoint la mer. Son chien était assis à côté de lui et Vernon s’est dépêché de le rejoindre pour faire connaissance. 


Le lévrier était très craintif. C’était une femelle. 

Elle a compris que Vernon était amical. Les chiens sentent cela. Ils se sont reniflés et léchouillés. 


Alors son maître s’est mis à me raconter son histoire et j’en ai été complètement bouleversée. 


Ce n’est pas une belle histoire. C’est le genre d’histoire que je n’aime pas raconter mais il faut que je l’exprime, qu’elle sorte de moi car je n’arrête pas d’y penser. 


L’homme a récupéré la chienne en Espagne. Elle était utilisée par les galgueros pour la chasse aux lièvres. Ces chiens sont appelés des galgos. 

L’Espagne est l’un des seuls pays européens a autoriser encore aujourd’hui la chasse sans fusil. 

C’est le « sport » qui réunit le plus de personnes après le football.


Ces lévriers sont entraînés à courir attachés à un véhicule sur une vingtaine de kilomètres.


Dans les larges plaines caillouteuses du sud de l’Espagne, la chasse au lièvre prend la forme d’une course entre chiens, lâchés dès qu’une proie apparait à l’horizon. 


Ces pauvres chiens surentraînés, élevés en nombre, dès lors que leur charge prend le pas sur leur utilité, sont tués,  torturés ou abandonnés. 


Un lévrier voit ses performance fondre dès ses trois ou quatre ans. La tradition se mêle aussi de l’honneur du chasseur et refuse la victoire à un chien « sale » qui aurait rusé, empruntant virages et raccourcis pour faciliter sa tâche. Pour laver cet « affront », les propriétaires déploient sur les chiens coupables de barbares techniques de mise à mort dont je vous passe les détails.


La plupart des galgos abandonnés finissent en fourrière et sont euthanasiés. 


Des association tentent de soigner les blessés et de les faire adopter. 


C’est ainsi que l’homme que j’ai rencontré a obtenu son lévrier. 

Pendant qu’il me racontait son aventure, la jolie femelle s’est approchée de moi. Elle ne semblait plus avoir peur. Elle a posé vers moi son doux regard marron et j’ai caressé son long museau et sa fine tête.


L’homme a dit : elle va plus facilement vers les femmes car elle garde une rancune envers les hommes.


J’ai demandé quel était son nom, il m’a répondu Emma.


J’ai dit Emma pour qu’on l’aime…

`

Et le maître a dit oui.





Commentaires

  1. Triste histoire d'une chienne de vie de chien, où, encore une fois, la cruauté des hommes (et non des femmes) est mise en lumière ! Je ne connaissais pas cette "tradition", encore une... J'en suis atterré.

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  2. Une pratique inacceptable, barbare ! On parle de la corrida, mais je me demande si c'est pas encore pire, cette torture à petit feu d'un animal ! Comment se fait-il que l'on ne ne voit jamais de reportages, de témoignages, sur ces chasses indignes ?

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    1. En effet Antoine, je trouve aussi que cette pratique est encore plus barbare que la corrida. Irène Blanquez a réalisé un film là-dessus Frebero, el miedo de los galgos. Je n'ai pas réussi à le voir sur internet. Il vaut peut-être mieux ne pas le voir...

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  3. Je me souviens avoir vu il y a longtemps à la télé une course de lévriers qui poursuivirent un leurre mécanique au long d'une piste. J'avais trouvé ça à la fois étrange et amusant… j'ignorais évidemment le traitement qui leur était réservé quand il devenait moins performant. Ce que tu relates est vraiment affreux ! Comment des êtres humains peuvent se comporter ainsi ? C'est affolant ce niveau d'inconscience que l'on rencontre là et dans d'autres activités tout aussi déplorables…

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    1. Alain, j'ai vu moi aussi des courses de lévriers qui poursuivent un leurre mécanique un peu comme une course de chevaux où les gens font des paris. Là, c'est une chasse sans fusil. Les proies sont des lièvres qui se font tuer par les chiens, je ne sais même pas s'ils sont mangés ensuite. Quant aux chiens, leur destin est très aléatoire et, oui, cette histoire est révoltante.

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  4. Merci d'avoir raconté l'histoire d'Emma.
    Les lévriers dont parlent AlainX ne sont pas bien traités non plus. On en parle ici par exemple :
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-reportage-d-un-jour-dans-le-monde/bruit-du-monde-reportage-du-mercredi-07-juin-2023-2279973
    Mme Chapeau.

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  5. Bonsoir Myrte
    Je ne connaissais pas du tout cette pratique, je l'apprends en te lisant.
    Certains êtres humains sont vraiment ignobles, comment peuvent-ils traiter des chiens de cette façon ! Je ne supporte pas qu'on fasse du mal aux animaux, quels qu'ils soient, je trouve cela abject et lâche.
    Cette jolie femelle a eu de la chance de s'en sortir et d'avoir été adoptée par un bon maître.
    Merci d'en avoir parlé, Myrte. Bonne soirée.

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    1. Oui Françoise c'est particulièrement insupportable de savoir ces animaux traités de la sorte alors qu'ils sont d'un dévouement sans limite. Bonne soirée.

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  6. Quelle triste histoire!! La malveillance des animaux me bouleverse toujours. Comme t peut on se comporter ainsi !

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    1. Je suis presque plus affectée par le mal qu'on fait aux animaux qu'aux humains. C'est fou! Peut être parce que je les sais sans méfiance et sans défense. Merci pour ta visite Daniel.

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