Jour de lessive
Chez nous la maison a toujours été le domaine de ma mère. Elle y régnait en maître. Le ménage, la cuisine, le linge, c’était son travail. D’ailleurs elle portait une blouse dès le matin qu’elle enlevait quand tout était terminé, sa mission accomplie. Les jours de lessive, bien avant la machine à laver, elle frottait le linge à la main dans la buanderie sur un évier lavoir en béton avec deux grands bacs et un plan incliné au savon de Marseille. Pour le blanc, elle avait une lessiveuse qui bouillait sur la cuisinière et pour les taches récalcitrantes elle utilisait un frottoir en bois et zinc qui nous servait aussi à faire de la musique. Le linge séchait ensuite sur les fils tendus dans la petite cour. Il y faisait si chaud qu’il devenait raide en très peu de temps si bien qu’elle devait l’humidifier pour en faciliter le repassage. J’ai le souvenir de ces moments de repassage, sur la table de la cuisine. J’aimais cette douce intimité où, installée à côté d’elle, je l’écoutai...